En 2020 : la pollution numérique a, pour la première fois, dépassé celle de l’aviation civile. Aujourd’hui le numérique c’est 4% des émissions mondiales de gaz à effet de serre. Et demain ?
Le Numérique quesako : il ne se voit pas, il ne se quantifie pas, est-ce à dire qu’il ne pollue pas ? Dans l’inconscient collectif quand on pense numérique on pense dématérialisation donc production vertueuse : fin du papier et de la déforestation vous dites ? Le Numérique n’est pas une industrie immatérielle, son empreinte carbone est bien réelle, pire, exponentielle. Et la mesurer permet d’agir pour un Numérique Responsable aligné sur les directives des accords de Paris (2015) vers une société décarbonée.
Le numérique : chance ou fléau pour l’environnement ?
2 écoles : les “techno solutionnistes » qui considèrent la formidable opportunité de la technologie au service de l’environnement. De l’autre, ceux qui constatent que le progrès engendre tellement de nouveaux usages que le bénéfice est nul face aux dégâts causés.
Comment peser le pour et le contre quand on sait que l’« immatériel », qui plus est sans frontière physique, est si difficile à quantifier (terminaux, transferts de données, cycle de vie, …)
En 2025, le secteur sera, selon l’ADEME, responsable de 8% des émissions mondiales de gaz à effet de serre dépassant le secteur automobile, et consomme déjà 10% de l’électricité mondiale. En cause : l’augmentation des usages et des équipements, l’obsolescence programmée du matériel et des logiciels, l’obsolescence psychologique, etc. Fort heureusement, on prend (enfin) conscience de la dimension énergivore du numérique.
En plus d’être « obèse », le numérique exclut. On parle de fracture sociale quand une partie de la population n’y a pas accès (les plus défavorisés, les seniors ou les personnes en situation de handicap par exemple).
Si le législateur n’en est encore qu’au stade des recommandations, la France est pionnière en la matière. Normes et référentiels viennent donner un cadre même si les entreprises, pour s’y retrouver, auraient bien besoin d’un consensus. Seule certitude les entreprises doivent passer à l’ère du Numérique Responsable et respecter les 2 principes fondamentaux : sobriété et accessibilité.
L’enjeux étant de taille quand on voit les bénéfices que peuvent engendrer une démarche responsable : devenir acteur du changement, optimiser ses coûts ou encore affirmer son engagement. Pouvant même aller jusqu’à se donner une nouvelle raison d’être.
La transition numérique des entreprises est en marche : focus sur l’éco-conception de sites web pour un secteur plus vert et plus responsable.
Selon une étude du Think Tank Green IT, les émissions du numérique se répartissaient en 2019 de la manière suivante :
Contre toute attente, ce ne sont pas les datacenters qui consomment le plus mais bien la production des équipements.
L’étude de l’ADEME et de l’Arcep publiée en janvier 2022, confirme que « les terminaux (en particulier les écrans et téléviseurs) génèrent l’essentiel des impacts environnementaux (de 65 à 92%), suivi des centres de données (de 4 à 20%) puis des réseaux (de 4 à 13%)».
La fabrication d’appareils connectés demande une consommation astronomique d’eau en plus de l’extraction des énergies fossiles.
Aucun doute, le numérique participe bien à l’épuisement des ressources naturelles. La fabrication serait à l’origine de 70 % de l’empreinte carbone du numérique en France.
Un smartphone par exemple nécessite l’importation de matières premières et de métaux rares provenant du monde entier.
Le transport venant naturellement alourdir le bilan carbone du secteur.
L’usage d’Internet et des réseaux sociaux entraîne une surconsommation de contenus dont l’énorme quantité doit être stockée dans le cloud ou les datacenters, alimentés en électricité 24/7 pour pouvoir transférer les données vers nos ordinateurs personnels.
Selon l’ONU, 75 % des déchets finissent dans des décharges à ciel ouvert.
Certaines matières premières ne peuvent être recyclées, nos équipements étant composés de matériaux précieux rares et dangereux, dont le recyclage nécessite un traitement particulièrement complexe. Aujourd’hui seulement 17% des déchets électroniques sont collectés et recyclés.
Dès la conception d’un site web, on peut jouer sur son impact environnemental.
Plusieurs critères : le poids des pages, les contenus optimisés, les médias ou les scripts. Le choix du format des images et vidéos ainsi que le nombre de fonctionnalités sont aussi décisifs sur le temps de chargement d’un site web et donc sur la consommation d’énergie nécessaire pour surfer.
Concrètement, plus une page web est complexe et appelle des éléments lourds, plus elle consomme d’énergie et voit ses émissions Carbone s’envoler. C’est tout l’enjeu aussi du design responsable.
L’étude analyse 50 sites web qui font partie des plus consultés en France et 40 sites web du CAC 40. © Razorfish x GreenIT
En septembre 2022 l’agence digitale Razorfish et Green IT ont lancé le premier baromètre de l’empreinte environnementale des sites web, en s’appuyant sur l’EcoIndex (technologie open source).
90 sites représentatifs de la société française ont été passés au crible.
Leur impact environnemental sur une année représenterait « 2244 années de consommation d’eau pour un français et 1139 tours du monde ».
Ça fait frémir !
Une autre étude, menée au Royaume-Uni cette fois, a classé Les 25 sites dont l’empreinte Carbone est la plus élevée : en tête Reddit, Pinterest et Nintendo et des mastodontes comme Alibaba, Amazon, eBay, et Ikea. A contrario Wikipedia, LinkedIn et H&M suivis de Messenger, PayPal, Spotify et WordPress sont les sites dont l’empreinte carbone est la plus faible.
Dans les 2 cas, la solution est sans appel et réside bien dans l’éco conception des sites web. Avant d’entrer dans le détail, que dit la loi et quels référentiels ont été mis en place pour encourager les entreprises du secteur à opérer leur transition écologique.
La prise de conscience de la pollution numérique est relativement récente. La législation en est encore à ses balbutiements et fait office pour le moment plus de recommandations que d’obligations pour les entreprises. La France est tout de même pionnière. Si en 2015 la loi relative à la transition énergétique pour la croissance verte donnait la définition de l’obsolescence programmée, le rapport de la convention citoyenne sur le climat en 2020 a fait du numérique un sujet à part entière : réduction de son impact environnemental et levier de la transition écologique.
Le rapport de l’ARCEP pour un « numérique soutenable » et le rapport du haut conseil pour le climat sur l’empreinte carbone de la 5G parus en décembre 2020 continuent d’enfoncer des portes.
La loi anti gaspillage pour une économie circulaire (février 2020) est aussi une avancée non négligeable pour l’allongement de la durée de vie des équipements numériques (indice de réparabilité, allongement des garanties légales et information obligatoire sur les mises à jour logicielles).
Sur le plan sociétal, le règlement général sur la protection des données (RGPD), est entré en vigueur le 25 mai 2018 et vise à protéger les données personnelles des utilisateurs. Un sujet à part entière.
Ces recommandations s’articulent autour des trois dimensions du numérique responsable : environnemental, social et éthique.
Il est le premier label français ayant pour but d’identifier les organisations qui s’engagent à réduire l’impact du numérique.
Il s’obtient en 5 étapes : formation au Green IT et intégration dans une démarche RSE, auto-évaluation et mise à niveau, audit puis labellisation, renouvelable tous les 18 mois. Les entreprises labellisées ont une liste de règles à respecter selon 3 piliers principaux : People (les personnes au cœur du processus), Planet et Profit (pour développer l’attractivité économique).
Tout est en marche pour que les entreprises et organisations n’aient bientôt plus d’autre choix que d’intégrer le numérique responsable avec une attention particulière à l’éco conception de sites web.
Entrons plus dans le cœur de notre métier. Galopins, Agence de création de sites web, est engagée pour un numérique responsable et met un point d’honneur à l’éco-conception des sites web de ses clients.
Mais qu’est-ce que l’éco-conception ?
L’éco-conception des sites web vise à réduire l’empreinte environnementale d’un site web en réduisant sa consommation d’énergie et son empreinte carbone. Optimisation de la taille et du poids des fichiers, méthodes de production et de développement durables.
L’éco conception est pensée dès le début du processus de développement d’un site web : les contenus optimisés, les médias et les scripts, le choix du format des vidéos, le nombre de fonctionnalités… Autant d’éléments décisifs sur le temps de chargement d’un site web et donc sur la consommation énergétique nécessaire pour surfer. Plus une page web est complexe, plus les requêtes aux serveurs se multiplient et consomment d’énergie.
Retrouvez ici nos 4 conseils pour l’éco-conception de votre site web : simplicité, rapidité de chargement, hébergement durable et mise à jour régulière de votre site web.
Pour aller plus loin, le guide de référence de conception responsable des services numérique (le GR491) donne 61 recommandations d’éco-conception selon 516 critères répartis en 8 familles : stratégie marketing, spécifications techniques, UX/UI, contenus, front end, architecture, back end et hébergement. L’éco-conception ne concerne pas que les développeurs. Les designers sont aussi acteurs.
En plus de sa dimension environnementale, l’éco-conception de sites web doit tenir compte d’enjeux sociétaux. Elle doit permettre de lutter contre l’exclusion de certaines catégories de personnes. On parle alors d’accessibilité numérique.
A l’inverse de la démarche d’écoconception verte, encore volontariste, il existe un Référentiel général d’amélioration de l’accessibilité (RGAA) qui dicte les règles qui garantissent le niveau d’accessibilité d’un site. « Tous les utilisateurs, sans discrimination, devront : Percevoir – Comprendre – Naviguer, et Interagir ». Or aujourd’hui la plupart des sites Web et applications
sont conçus sans penser à la capacité de navigation de certaines personnes. Pourtant, le digital est un véritable levier d’intégration et d’indépendance.
Constat alarmant : 70% des sites et 2/3 des sites e-commerce ne sont pas accessibles et plus de 80 % des pages web ne peuvent être lues par des personnes en situation de handicap.
Mais l’éco conception ne concerne pas que les développeurs. Les designers sont aussi acteurs. Le collectif Designers Éthiques nous livre un guide complet sur l’éco-conception des services numériques, destiné aux UX et UI designers et utile à tous les concepteurs de services numériques.
On doit quand même parler des moteurs de recherche. Pouvant être considérés comme des utilisateurs, ils mesurent l’accessibilité à la rapidité de téléchargement des pages d’un site. Et plus il est rapide, plus le contenu est facilement accessible. Sans oublier que nombreux critères d’accessibilité permettent une bonne optimisation SEO (indexation, visibilité, structure de page…).
En plus de la dimension environnementale et inclusive, un site accessible permet, sans greenwashing, de mettre en avant son engagement. Un signal fort pour le public, ses clients ou ses collaborateurs. De l’importance de la marque employeur et de l’attractivité des talents : 37% des actifs souhaitent que leur entreprise développe des solutions pour l’économie d’énergie (1er secteur attendu : le digital).
On l’aura compris, une démarche Numérique Responsable ne règlera pas la crise climatique, mais peut en limiter les effets. Les professionnels du numérique doivent s’engager. Les enjeux de sobriété et d’accessibilité numérique sont majeurs, pour un numérique durable et plus juste. Un site web éco-responsable n’est pas qu’une simple vitrine de votre activité, mais aussi le symbole d’un véritable engagement écologique.
Mettre en place une démarche Numérique Responsable ne coûte pas plus cher, au contraire. Les logiciels, applications et sites web éco-conçus auront une durée de vie bien supérieure, à condition qu’ils soient évolutifs.
On n’a évoqué ici que l’engagement des professionnels du secteur mais l’effort doit être fait aussi à titre individuel : acheter des appareils reconditionnés, éviter de remplacer si encore en état de marche, éteindre plutôt que mettre en veille, désactiver les fonctions GPS, wifi, et bluetooth, favoriser le mode « économies d’énergies », vider les corbeilles… La marge de manœuvre est large et chacun peut agir à son niveau pour un numérique plus durable et responsable !